Euthanasie : 110 personnes malades, handicapées ou âgées réagissent !

« Nous refusons une civilisation des forts qui s’autorisent à supprimer le fragile ». Dans une tribune publiée par Le Figaro, 110 personnes touchées par le handicap, la maladie ou l’âge s’opposent à la légalisation de l’euthanasie.

Le 27 juin dernier, dans une tribune publiée dans Le Figaro, relayée et soutenue par la Fondation Jérôme Lejeune, 110 citoyens répondent au Manifeste de 109 personnalités en faveur de la légalisation de l’euthanasie publié par L’Obs en mars dernier. Ces 110 signataires, directement touchés ou confrontés à la maladie, au handicap ou au grand âge, anonymes, refusent « la légalisation d’un droit à mourir à la demande, parce qu’il finira par s’imposer à nous comme un devoir de mourir ».


Nous, personnes handicapées, entravées dans notre corps, dépendantes, porteuses d’un handicap moteur ou mental, malades atteints de maladie grave comme des cancers ou la maladie de Charcot, pour certains de nous, âgés ou proches de la mort, anonymes, nous demandons à être considérés, accompagnés et encouragés.

Comme dans le «manifeste des 109» publié le 16 mars 2023 dans L’Obs, beaucoup de ceux qui militent pour réclamer un droit de mourir sont le plus souvent en bonne santé ; ils ont réussi dans la vie et peuvent témoigner d’un confort et d’une position sociale auxquels, du fait même du handicap ou de la maladie, nous ne pouvons prétendre. Aussi, nous recevons avec beaucoup de violence cette revendication qui n’est pas la nôtre. Elle contribue à creuser l’écart qui nous sépare des «bien portants» et des «puissants».

Face aux limites que nous impose notre corps, nous avons besoin d’être soutenus, regardés avec toutes nos richesses humaines, avec ce qui, très modestement parfois, donne sens à notre vie. Venez, approchez-nous, extrayez-vous de ces injonctions à la rapidité, au dynamisme, à la performance, et laissez-vous exister avec nous. Vous évaluez souvent la qualité de notre vie, et vous la jugez mal. Posez-vous avec nous.

Vous apprendrez auprès de nous combien nous sommes vivants au présent. Et laissez-nous le temps d’exister avec la maladie, le handicap qui nous contraignent. Laissez-nous aussi le temps d’apprendre à mourir. C’est un métier d’homme difficile, un processus qui peut sembler long, mais il est essentiel. Pour nous, comme pour vous.

Nous avons besoin d’être regardés, soulagés, accompagnés, mais pas tués. Nous avons besoin d’une bonne prise en charge pour ajouter de la vie aux jours difficiles qui parfois nous sont comptés, pour apprivoiser notre condition, être le plus confortables possible, pour continuer à faire des projets et, aussi, pour réfléchir. Nous avons besoin de sécurité, de nous appuyer avec confiance sur nos soignants, sans inquiétude, sachant qu’ils seront avec nous, attentifs, créatifs, sans suggérer l’acte létal, sans faire de la mort une «alternative aux soins».

Ce n’est pas parce que parfois, à bout de forces, à bout de souffrances, nous demandons la mort que vous devez l’accepter comme si nos vies étaient négligeables. Rassurez-nous, soulagez-nous, retenez-nous. Dites-nous que vous comprenez l’angoisse, le manque, la peur qui nous étreint. L’euthanasie est une façon de détourner de nous le regard et nous avons besoin de l’affection qui se lit dans vos yeux. L’euthanasie ne combat pas le «mal mourir», elle le consacre.

Légaliser l’euthanasie, c’est suggérer que nos vies, parce qu’elles sont limitées physiquement et souvent douloureuses, sont un poids, inutile. Et nous refusons la légalisation d’un droit de mourir à la demande, parce qu’il finira par s’imposer à nous comme un devoir de mourir.

Nous refusons une civilisation des forts qui s’autorisent à supprimer le fragile, le faible, le vulnérable qui est la part la plus humaine de chacun d’entre nous. Nous voulons être pris en compte et entendus au cours des débats concernant des lois dont nous serons les premières victimes. Nous voulons que soit respecté notre droit de vivre, de vivre jusqu’au bout à vos côtés.


Signataires :

Véronique Pommeret, 57 ans, atteinte de la maladie de Charcot; Michel Laigle, 73 ans, porteur d’une maladie auto-immune handicapante et sans rémission possible; Henri Moneyron, 56 ans, infirme moteur cérébral; Jeanne Got, 43 ans, infirme Moteur Cérébral; Vanina Maréchal, 24 ans, atteinte d’une Ataxie de Friedrich; Marie-France Sarreméjean, 82 ans, atteinte d’une maladie rare handicapante; Cindy Lourteau, 30 ans, atteinte du locked-in syndrome; Patrice Havy, 89 ans, atteint d’une maladie de Parkinson depuis 2011; Hélène Frachon, 66 ans, atteinte d’un cancer, actuellement en traitement «de la dernière chance»; Jacques Bérard, 102 ans, vieillesse; Pétronille Doher, 18 ans, atteinte d’une forme grave d’encéphalomyélite myalgique; Robert Bornecque, 96 ans, en soins palliatifs; Jacqueline Tourangin, 94 ans, atteinte d’un cancer des os très douloureux; Philippe du Merle, 46 ans, atteint du syndrome de l’X Fragile; Daniel Salefran, 81 ans, atteint d’un Myélome depuis 12 ans, en fin de vie; Marie-Thérèse Chevalier, 85 ans, vieillesse; Claire B., 61 ans, porteuse d’un spina bifida avec une incontinence totale; Brigitte Lamort, proche aidante et mère d’Emmanuel Lamort, 43 ans, souffrant de graves troubles psychiques; Brune de Fautereau, âgée de 13 ans, atteinte du syndrome d’amyotrophie spinale (SMA), forme de myopathie; Marc Henri d’Alès, 45 ans, atteint d’Infirmité Motrice Cérébrale, handicap de naissance; Louis Bouffard, 23 ans, atteint de la myopathie de Duchenne; Marie-Caroline Schürr, 37 ans, lourdement handicapée moteur; Marie-Ange Lafuente, 53 ans, cancer et hypersensibilité; Pascale Commaret, proche aidante et mère d’Oriane Chicha, 21 ans, polyhandicapée; Béatrice Lafont, 63 ans, atteinte d’une sclérose en plaques depuis 29 ans et tétraplégique depuis 10 ans; Claude Fourmond, 89 ans, malade et dépendant; Béatrice Harding, 54 ans, atteinte d’un cancer digestif avec des métastases multiples associé à une atteinte valvulaire cardiaque, à qui on donnait 3 mois de survie (cela fait 5 ans maintenant); Hubert Pommeret, 88 ans, atteint de la maladie à corps de Lewy; Aloysia de Longvilliers, 31 ans, atteinte d’amyotrophie spinale infantile de type II et dépendante pour chaque acte du quotidien; Anne Durroux, 33 ans, atteinte d’un spina-bifida à la naissance; Bernard Frécon, proche aidant et père de Thibaut Frécon, 22 ans, porteur de trisomie 21; Carolina Leitao, 36 ans, atteinte de la maladie des os de verre et d’une cécité de grade 4; Suzanne Rosset, 100 ans, vieillesse, résidente en Ehpad; Delorme Eliane, 90 ans, vieillesse, résidente en Ehpad; Charlotte Seince, 38 ans, atteinte de Cryopyrinopathie; Monique Killmayer, 70 ans, atteinte d’une ataxie de Friedreich dont les premiers signes remontent à plus de 30 ans; Cedric de Linage, 52 ans, époux aidant d’Amelie, polyhandicapée; Yolande Cons-Manrique, 66 ans, proche aidante et mère d’Adélaïde Baillin, 36 ans, infirme moteur cérébral, et sœur de Jean-Louis Cons-Manrique, 61 ans, porteur de trisomie 21; Mauricette Balunda, 27 ans, tétraplégique atteinte d’un neuro-lyme et d’une encéphalomyélite myalgique, alitée la majeure partie du temps; Bruno Jeandidier, 65 ans, porteur d’une maladie ophtalmologique dégénérative qui le conduit vers la très grande mal voyance; Marie-Claude Bénétreau, 84 ans, souffrant d’arthrose généralisée; Alain Chazelle, 89 ans, atteint de la maladie d’Alzheimer; Pascal Labbé, 57 ans, atteint du syndrome d’Asperger; Marie Bizzo, 49 ans, atteinte de la maladie de Charcot; Cécile Gandon, 40 ans, porteuse d’un handicap moteur; Marguerite Roy, 84 ans, vieillesse; Domitille Bothier, 30 ans, atteinte du syndrome d’Ehlers Danlos et guérie d’un cancer déclaré à l’âge de 22 ans; Anne-Marie Loriette, 80 ans, mère d’Anne-Françoise, 45 ans, atteinte de microcéphalie et grand-mère de Brice, 10 ans, ayant un syndrome de Kleeftra; Madeleine Sauvage-Paitel, 94 ans, approchant la fin de sa vie et vivant seule chez elle; Gonzague de Longcamp, 47 ans, atteint d’un syndrome de Little; Vianney-Marie Soubrier, 26 ans, porteur de trisomie 21; Xavier Faivre, 82 ans, vieillesse; Marie-Amélie Jacqmin, 64 ans, atteinte d’une sclérose en plaque; Marie-Line de Saint-Aubert de Pierrepon, 63 ans, handicap physique; Olivier Balsan, 83 ans, vieillesse, ayant un petit fils handicapé; Jacqueline Bérard, 94 ans, vieillesse; Mireille Ceyrac, mère et proche aidante de Cyprien, 10 ans, polyhandicapé.; François Varaut, 24 ans, porteur de trisomie 21; Alexandre de Jerphanion, 68 ans, traumatisé Crânien TC; Christophe Mazzollo, 56 ans, en situation de handicap psychique; Aliénor de Boisgrollier, 20 ans, porteuse de trisomie 21; Dominique Charlon, 63 ans, atteint de surdité; Claire Glorieux, 67 ans, maman de deux adultes handicapés mentaux de 37 et 38 ans, atteint de CDG déficit congénital de glycosylation; Philippe de Cuvervillle, 62 ans, atteint d’un lymphome en seconde rechute; Xavier Kiefer, 60 ans, atteint de surdité; Xavier Puiseux, 93 ans, vieillesse; Colombe Auberger, 15 ans, atteinte d’un handicap intellectuel lié à une mutation génétique du DDX3X; Geneviève Puiseux, 87 ans, vieillesse; Madeleine Gion, 66 ans, cancer de l’utérus dans une forme agressive; Jacques Schirmann, 90 ans, vieillesse; Anne Gagneux, 59 ans, atteinte d’une sclérose en plaque; Monique Combes, 78 ans, proche aidante et mère d’un adulte lourdement handicapé; Grégoire Marenghi, 25 ans, atteint du syndrome d’Asperger; Marie-Pierre Clain, 53 ans atteinte de la maladie de Charcot Marie Tooth 2; Cédric Bondonnat, 55 ans, traumatisé crânien suite à un accident de la route; Marie-Michèle Poncet, 76 ans, atteinte de la maladie de waldenstrom et Atrophie multisystématisée cérébelleuse; Louis Gundermann, 25 ans, infirme moteur cérébral; Hervé de Catuélan, 68 ans, handicapé (plus de 80%) suite à un AVC hémorragique en 2016; Xavier Meaudre, 51 ans, infirme moteur cérébral depuis ma naissance, tétraplégique; Michel Delorme, 83 ans, mal-voyant; Bernard Desavoye, 90 ans, vieillesse; Jérémie Corlobe, 32 ans, porteur de trisomie 21; Agnès Laverdure, 73 ans, mère et proche aidante d’Etienne, 41 ans, atteint de troubles schizophréniques; Jérôme Collot, 44 ans, handicapé physique; Karim Smemme, 65 ans, non-voyant; Mickaël Schultz, 42 ans, handicapé physique; Geneviève Guillermet, 84 ans, vieillesse et un corps qui devient déjà bien difficile à vivre; Riccardo Colia, 58 ans, diabétique; Alice Vinas, 42 ans, porteuse d’une malade psychique; Martine Chazelle, 86 ans, vieillesse; Clarisse Valérian, 24 ans, porteuse de trisomie 21; Hélène Somma, 89 ans, vieillesse; Priscille Péguet, 36 ans, mère de Thaïs Péguet, 9 ans, atteinte d’une maladie génétique très rare; Marie-Thérèse Pickel, 77 ans, atteinte de Sclérose en plaques; Maurice Somma, 89 ans, vieillesse; Jean-Louis Laverdure, 73 ans, glaucome et maladie de Parkinson; Catherine Prot, 56 ans, atteinte de la maladie de Charcot; Jacques Pensec, 84 ans, vieillesse; Florence Isouard, 35 ans, porteuse de trisomie 21; Geneviève Forget, 80 ans, vieillesse; Dominique Laitre, 81 ans, atteint de la maladie de Parkinson et dépendant; Hervé Denoual, 36 ans, atteint de la sclérose tubéreuse de Bourneville; Chantal Dubarry, 89 ans, vieillesse; Olivia Darsonval, 53 ans, cancer du sein; Constance de La Rocque, 31 ans, atteinte de Sclérose en plaques; Marie-Françoise Derville, 79 ans, douleurs neurologiques réfractaires incurables; Edwige Mouttou, 54 ans, maladie de Parkinson; Antoine Viricel, 91 ans, souffrant de troubles bipolaires; Catherine Duprat, 67 ans, atteinte par la sclérose en plaques; Alain Demanche, 77ans, atteint ďun cancer; Hubert et Caroline Saillet, proche aidant et père de Marie-Océane Saillet, 26 ans, atteinte d’un polyhandicap sévère avec épilepsie; Liliane de La Villejégu, 92 ans, souffrant d’un déficit cardiaque chronique et de nombreux handicaps; Patrice de Seauve, 64 ans, schizophrène; Béatrice Laitre, 77 ans, atteinte d’un cancer du poumon.